L'adolescence et la mort sont des sujets tabous dans notre société moderne. Pourtant de tous les temps, dans bien des sociétés, l'adolescence était représentative d'une certaine initiation à la mort.
Si l'on pense aux sociétés chamaniques anciennes, si on lit l'anthropologue nommé Mircea Eliade, si on se plaît à considérer le philosophe Michel Foucault et son livre comme L'histoire de la folie, notre réflexion attentionnée se fraye alors un chemin et s'ouvre.
Oui, l'adolescence est un âge, un lieu de rupture, qui a un lien avec la mort.
Sortons du tabou et parlons de ces sujets sans peur. Pour comprendre notre adolescent, osons proposer une analyse comparative entre l'adolescence comme lieu de rupture et la mort rupture du vivre et de la forme.
3 Même si ces conduites de rupture prennent des formes différentes chez ces adolescents, elles s’orientent vers le « désinvestissement », des fonctionnements en « auto-sabotage » susceptible d’alimenter la violence avec l’entourage et contre eux-mêmes (Green, 1993)
Le concept de rupture à l’adolescence
Dans La santé des adolescents en rupture (2016), pages 21 à 28
Dans cet article richement documenté, l'auteur décrit la rupture psychosocial chez l'adolescent menant à des désordres affectifs, comportementaux et sociétaux.
En effet, l'adolescent n'est-il pas comme un marathonien à qui on demande une capacité de résilience exceptionnelle face à une mort passage non racontée, continue, souvent souffrante menant à mal l'amour de soi ainsi que la confiance en soi.
Pour en faire un très court résumé, l'adolescent, fille ou garçon, voit son corps se transformer à la vitesse grand V. Il ressent des pulsions sexuelles et autres inconnues le tenailler parfois incessamment. Il veut s'émanciper mais la peur le tenaille. Qui le nourrira désormais? Où habitera t-il? Il se sent obligé à la dépendance de ses parents ou profiteur.
Dans le miroir, son corps devenant adulte, lui démontre une mort souvent pesante aux non responsabilités de l'enfance.
En effet, les relations à l'adolescence se teintent désormais de désirs qu'il n'arrive pas encore à nommer. Dans ces dualités et ses propres incompréhensions, le jeune ne se comprend plus lui-même. Il ne comprend plus les autres. Les autres, amis ou amies, vivent les mêmes sentiments mêlés. De plus on lui demande désormais de se responsabiliser davantage.
Aider les adolescents en rupture
Les adolescents en rupture peuvent appeler à l'aide, par le biais de comportements à risques ou de troubles psychiatriques ( dépression, automutilation, scarifications, tentatives de suicide, etc.). Si les parents ou l'entourage de l'ado (voisins, enseignants, éducateurs, etc.) ne parviennent pas à identifier suffisamment tôt ce mal-être et à y remédier, le recours à un tiers peut s'avérer nécessaire : psychiatres, psychologues, mais aussi éducateurs, assistante sociale, etc.
Il suffit parfois simplement d'une aide ponctuelle pour restaurer un dialogue constructif et lever le mal-être de l'adolescent.
Ados en rupture : comment réagir ?Dr Jean-Philippe Rivière Directeur médical de Doctissimo Mis à jour le 04 février 2016
En gang, ils semblent se ressembler. Du moins, ils le pensent et font tout pour cela. La mode, le genre, la musique jusqu'à a la manière de se tenir sont mimétisés.
Mais de nouveau seul, l'adolescent ressent quand même sa différence, son unicité, ses propres sentiments, sa solitude et cette vie dont il faudra se responsabiliser tôt ou tard, bons choix ou mauvais choix. Les jeunes n'ignorent pas qu'ils devront y faire face. Il connaissent l'impact de leurs choix. Ils désirent certainement être aidés mais ne le diront pas par crainte d'être perçus comme des enfants. Et puis, l'entourage sera t-il prêt et apte à l'accompagner? Car il faut prendre le temps de le faire et honneur aux parents qui osent cette démarche d'accompagnement responsable avec leur jeune.
Chez les adolescents que j'ai aidé en coaching , ces émotions anxieuses affublées d'un apparat d'attente, de patience, d'être pris comme entre deux eaux, sont omni -présentes.
Et la mort dans tout cela n'est-elle pas leur complice secrète? La mort, comme la vieillesse, représente aussi ce changement de forme corporelle. Alors qu'on nous l'annonce, elle aussi pose ses problèmes de responsabilité personnelle, de sens de vie et d'angoisse. Nous y perdrons tout: notre forme, notre identité, nos goût personnels, nos amis ! Pour avoir aidé et soutenus plusieurs mourants dans leur passage vers l'au-delà, je vous assure que je fais facilement le lien avec la mort de l'enfance chez l'adolescent moderne.
Les sociétés anciennes traitaient leurs adolescents comme des morts . En fait, leurs initiations secrètes faisaient vivre le passage d'une mort rituelle è une renaissance dans le monde des adultes. Avant d'être dans le monde des adultes, l'enfant n'avait pas de nom ou simplement portait un nom emprunté. Il était comme mort. Après ses initiations un nom lui était donné. Les épreuves étaient de taille. Jeûnes, efforts physiques, tonte des cheveux, marques sur la peau, tatouages et parfois abandons ritualisés aux bords de forêts obscures, de jungles épaisses et de montagnes escarpées.
Aujourd'hui, le jeune est laissé plus souvent qu'autrement à lui-même. Il cherche à combattre ses démons dans les jeux électroniques, dans la rue, parfois dans différentes dépendances. Les bons élèves rêvent de ne plus être bons, de renoncer à leurs notes et à leur image de marque. les mauvais aimeraient l'argent des riches pour éviter une vie d'efforts, de piétinements et ainsi pouvoir quand même tout se permettre.
Je rêve pour les deux des camps d'entraînement psychique et physique à la conscience comportementale. Ces camps se donneraient à toutes les saisons. Il y aurait des classes à ciel ouvert et des voyages dans les mondes différents. On y vivrait des joutes et des jeux et de la méditation. L'adolescent y ressentirait de la Bienveillance et des mains tendues.
Au quotidien, on l'écouterait sans jugement dans des questions de réflexions ouvertes comme:
En quoi ce comportement est-il important pour toi?
Qu'est-ce que tu penses de toi ?
Quel est le sentiment qui t'habite ? Où le situes-tu ? Que désires-tu en ce moment? Comment tu te ressens?
Que puis-je faire pour toi ? Qu'attends tu de moi? Comment pourrais-je t'aider? En quoi serais-je une ressource pour toi ?
Et est-ce que tu sais de quoi tu as réellement besoin ?
Er tant d'autres encore!
Pour moi, il ne fait aucun doute que l'adolescence et la mort sont deux passages qui ont beaucoup de points communs. C'est pourquoi, j'ai confronté les deux sujets dans ma maîtrise en Anthropologie religieuse. ( UQAM 1992) Cette maîtrise à démontré que le jeune désire la mort. De là, l'hypothèse était tentante, que ce serait la raison, le pourquoi que tant de jeunes pensent au suicide comme solution rapide à leur mal-être et dilemme.
Osons les aider maintenant!
Cécile Hontoy, coach de motivation pour les jeunes.
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